À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, célébrée le 25 avril 2025, l'association sans but lucratif Soins de santé primaires en milieu rural et urbain (SANRU), en collaboration étroite avec le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), a organisé une rencontre avec la presse afin de sensibiliser l'opinion publique à l'impact dévastateur de cette maladie sur les communautés congolaises et de partager les efforts déployés pour la combattre.
Lors de cette conférence de presse conjointe, Madame Patience Mashako, experte éminente au sein du PNLP, a dressé un état des lieux particulièrement alarmant de la situation du paludisme en République Démocratique du Congo. Ses données ont révélé que le paludisme demeure, en 2025, la principale cause de morbidité et de mortalité dans le pays, exerçant une pression considérable sur le système de santé et affectant profondément la vie de millions de Congolais.
Les statistiques présentées par le PNLP pour l'année 2024 sont éloquentes et soulignent l'ampleur de la crise sanitaire. Au total, 29 123 262 cas de paludisme ont été recensés à travers le pays. Parmi ces cas, une majorité écrasante, soit 26 374 394, étaient des cas de paludisme simple, tandis que 2 748 868 cas ont évolué vers une forme grave de la maladie, représentant 9,4 % de l'ensemble des infections.
La vulnérabilité des jeunes enfants face au paludisme est particulièrement préoccupante. En 2024, 13 903 437 cas, soit 47,7 % du total, ont été enregistrés chez les enfants de moins de cinq ans, dont un nombre alarmant de 1 292 734 cas graves. Ces chiffres mettent en lumière la nécessité urgente de renforcer les interventions ciblées sur cette tranche d'âge particulièrement exposée aux complications potentiellement mortelles de la maladie.
Les femmes enceintes constituent également une population à risque élevé. Au cours de l'année écoulée, 1 496 714 cas de paludisme ont été rapportés chez les femmes enceintes, dont 1 151 061 cas simples et 345 653 cas graves, représentant 30 % des cas chez cette catégorie de population. Ces chiffres soulignent l'importance cruciale de la prévention et de la prise en charge adéquate du paludisme pendant la grossesse, afin de protéger à la fois la mère et l'enfant à naître.
Le bilan humain du paludisme en RDC reste tragiquement élevé. En 2024, un total de 21 695 décès ont été directement attribués à cette maladie. Parmi ces décès, une proportion effroyable de 15 091, soit 69 %, concernait des enfants de moins de cinq ans, soulignant l'impact dévastateur du paludisme sur la mortalité infantile dans le pays.
Madame Mashako a également contextualisé la situation de la RDC à l'échelle mondiale, révélant que le pays occupe la deuxième place après le Nigeria en termes de charge du paludisme. La RDC représente à elle seule 40 % des cas de paludisme au niveau mondial, illustrant l'ampleur du défi à relever et la nécessité d'une mobilisation accrue des ressources et des efforts.
Face à cette situation critique, Madame Jennyfer Tamba, point focal communication chez SANRU, a présenté les résultats concrets des actions menées par l'organisation en 2024 dans les 26 provinces du pays. Les réalisations notables incluent l'appui apporté à 340 zones de santé pour la prise en charge du paludisme, tant au niveau des structures publiques que communautaires. SANRU a également contribué au fonctionnement de 6 627 sites de soins communautaires, essentiels pour rapprocher les services de santé des populations les plus éloignées.
En termes de prévention, SANRU a participé activement à la distribution de 6 088 720 moustiquaires imprégnées d'insecticide, un outil fondamental dans la lutte contre la transmission du paludisme. L'organisation a également contribué au dépistage de 3 642 084 personnes, permettant un diagnostic précoce et une prise en charge rapide des cas. L'investissement total consenti par SANRU en 2024 s'est élevé à 110 549 922,05 USD, dont une part prépondérante de 95 % a été allouée à l'achat de médicaments antipaludiques, témoignant de l'engagement de l'organisation envers le bien-être de la population.
Fort de son expérience sur le terrain, SANRU a formulé une série de recommandations cruciales à l'attention des médias, reconnaissant leur rôle essentiel dans la sensibilisation et l'éducation du public. L'organisation a exhorté les médias à informer la population sur la disponibilité et la gratuité des médicaments antipaludiques dans les structures de santé agréées. Il a également été souligné l'importance de sensibiliser la population à la nécessité de demander un test de diagnostic rapide (TDR) en cas de fièvre et d'accéder rapidement aux traitements appropriés si le test s'avère positif. Enfin, SANRU a insisté sur la promotion des bonnes pratiques de prévention, de dépistage et de prise en charge du paludisme au sein des communautés.
Des recommandations spécifiques ont également été adressées aux autorités politico-administratives, soulignant la nécessité d'améliorer l'état des infrastructures routières pour faciliter l'acheminement des intrants médicaux essentiels vers les zones les plus reculées. SANRU a également plaidé pour un assainissement rigoureux du secteur pharmaceutique et pour l'interdiction de la vente illicite de médicaments dans les officines non agréées, afin de garantir la qualité et l'efficacité des traitements disponibles. Enfin, l'organisation a insisté sur le renforcement de la sécurité dans les provinces en proie aux conflits, reconnaissant l'impact négatif de l'insécurité sur l'accès aux soins de santé et sur la mise en œuvre des programmes de lutte contre le paludisme. Pour l'année 2025, la Journée mondiale de lutte contre le paludisme est placée sous le thème mobilisateur : « Réinvestir. Réimaginer. Raviver nos efforts communs pour mettre fin au paludisme ».
Rédaction
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