Le Vice-Gouverneur du Haut-Katanga, Martin Kazembe Shula, a repris ses fonctions samedi 8 février, suite à une décision du Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières. Cette décision intervient après une période de turbulences politiques et juridiques qui avaient conduit à sa destitution lors d’une session extraordinaire de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga, tenue le jeudi 23 janvier 2025.
La destitution de Martin Kazembe Shula avait été initiée par le député provincial Kisimba, élu de Mitwaba, et soutenue par 43 députés présents lors de la session extraordinaire. Les accusations portées contre le Vice-Gouverneur concernaient des actes posés avant son entrée en fonction, notamment la vente controversée du lac Thombe, un espace public situé au quartier Baudouin dans la commune de Lubumbashi. Cette vente, réalisée alors que M. Kazembe Shula était maire de Lubumbashi, avait suscité des interrogations juridiques et des inquiétudes quant à la gestion des biens publics.
L’arrêté du 11 novembre 2023, portant désaffectation d’un espace public de l’État d’une superficie de 1 hectare 30 ares, avait été au cœur des débats. Les députés provinciaux avaient estimé que cet acte constituait une menace pour la stabilité de la province et justifiait la destitution du Vice-Gouverneur.
Face à cette situation tendue, le Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, a été sollicité pour examiner les circonstances ayant conduit à la destitution de M. Kazembe Shula. Dans un communiqué officiel daté du 8 février 2025, le ministère a souligné que les dispositions prises par l’Assemblée provinciale ne conféraient pas à cette dernière le pouvoir de destituer un membre du gouvernement provincial pour des actes antérieurs à son entrée en fonction, sauf dans les cas expressément prévus par la loi.
Le ministère s’est appuyé sur les articles 160 et 161 du Règlement Intérieur de l’Assemblée Provinciale du Haut-Katanga, qui encadrent strictement les conditions de destitution des membres du gouvernement provincial. Selon ces articles, les députés provinciaux ne peuvent destituer un membre du gouvernement pour des actes posés avant son mandat actuel, à moins que ces actes ne soient explicitement prévus par la législation en vigueur.
Dans son communiqué, le ministère a également rappelé que la décision de destitution prise par l’Assemblée provinciale risquait de compromettre la stabilité institutionnelle et politique de la province. Il a donc été décidé de réintégrer Martin Kazembe Shula dans ses fonctions de Vice-Gouverneur, afin de préserver l’équilibre des institutions et de permettre à la province de se concentrer sur les défis socio-économiques auxquels elle fait face.
Cette décision a été transmise pour information à plusieurs hautes autorités, notamment Son Excellence Monsieur le Président de la République, Son Excellence Madame la Première ministre, Madame la Vice-ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation, le Président de la Cour Constitutionnelle, ainsi qu’au Gouverneur de la Province du Haut-Katanga.
Le retour de Martin Kazembe Shula à son poste a suscité des réactions mitigées au sein de la classe politique et de la société civile. Alors que certains saluent une décision conforme au droit et à la stabilité institutionnelle, d’autres dénoncent une ingérence du pouvoir central dans les affaires provinciales.
Geremy-Génie Kalumba