Tension à Tshikapa : Impact de l'interdiction de la marche de soutien aux FARDC

Malgré l'interdiction prononcée par le gouvernement provincial du Kasaï, une situation inédite s'est dessinée ce jeudi 30 janvier 2025 à Tshikapa, chef-lieu de la province.

Une marche destinée à exprimer le soutien aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et au président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avait été prévue pour marquer la solidarité avec les populations de l'Est du pays, lourdement éprouvées par le conflit armé contre les rebelles du M23, soutenus, selon des sources, par le Rwanda.

Toutefois, cette initiative a été annulée la veille pour des raisons de sécurité et d'ordre public, provoquant une série de réactions diverses au sein de la population et du tissu économique local.

Dans le centre-ville de Tshikapa, presque tous les marchés étaient inhabituels, les magasins et boutiques sont restés fermés jusqu'aux après-midi, beaucoup n'ouvrant leurs portes qu'à partir de 14 heures locales. Ce climat de méfiance s'est traduit par un essoufflement notoire des activités commerciales. Les approvisionnements étaient squelettiques, le rythme des transactions affichant un « pas de tortue », selon les mots de certains observateurs locaux.

La rédaction de l’Actu-Servise, venue sur place pour couvrir ces événements, a rencontré plusieurs opérateurs économiques qui ont évoqué leur décision de fermer boutique. Ces entrepreneurs ont justifié cette précaution par la crainte de possibles actes de pillage, alimentée par l'émotion entourant le mouvement de protestation en rapport avec la marche interdite. La peur d'éventuels débordements de la part des manifestants s'est alors installée et a conduit à une paralysie quasi totale des activités commerciales et économiques locales.

La situation a aussi affecté le fonctionnement des organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales, qui ont choisi d'agir avec une extrême prudence. Plusieurs d’entre elles ont opté pour une reprise timide de leurs activités, malgré un communiqué du chef de l'exécutif provincial appelant à la normalisation du travail ce jeudi. Certaines écoles ont également suivi ce mouvement de ralentissement, affichant un tableau contrasté entre l'appel aux activités habituelles et la réalité du terrain.

Le gouvernement provincial, anticipant des manifestations de soutien aux FARDC et au président Tshisekedi, avait prévu cette marche comme un geste de solidarité face à la souffrance des Congolais de l'Est, touchés par une guerre jugée injuste. La décision d'interdire la marche, prise après des concertations sur des considérations sécuritaires, a certainement pacifié la ville sur le plan immédiat, mais elle a aussi mis en lumière des aspects complexes de la dynamique sociale et économique à Tshikapa. 

Les différentes couches et forces vives du Kasaï avaient pourtant mené des sensibilisations pour encourager la population à participer à cette marche. L’émotion entourant le conflit à l'Est et son impact sur les familles congolaises était palpable, et l’initiative était perçue comme un moyen essentiel d’exprimer la solidarité nationale dans un contexte de crise.

La tension qui règne actuellement à Tshikapa soulève des questions quant à l'avenir du dialogue social et de la confiance entre les autorités provinciales et la population. L'impact économique et social de ces décisions gouvernementales nécessitera une attention particulière afin de promouvoir le rétablissement de la normalité et de la paix dans la province du Kasaï.

Sadam Kapanda wa Kapanda depuis Tshikapa

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