La matinée d’hier, mardi 18 mars 2025, a été marquée par une entrée brutale et controversée de l’armée ougandaise (UPDF) dans la région de Fataki, une situation qui a provoqué une vive inquiétude parmi les populations locales et les leaders d’opinion. Cette intervention, jugée clandestine par plusieurs observateurs, dont l’acteur politique Luc Malembe, a suscité des craintes quant à une possible exacerbation des tensions communautaires dans une région déjà fragilisée par des années de conflits interethniques et la présence de groupes armés.
Selon Luc Malembe, les militaires ougandais auraient forcé la barrière pour entrer dans la zone, agissant sans coordination avec les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). « Arrivés clandestinement à Fataki après avoir forcé la barrière, l’UPDF a initié de manière unilatérale une patrouille tôt le matin vers Bethléem, non loin de Fataki centre, sans aucune coordination avec le Commandant du Bataillon FARDC basé à Fataki », a-t-il déclaré. Cette action, selon lui, a été guidée par le Chef de Groupement local ainsi que par le président des jeunes de Bule, une figure dont la légitimité est remise en question dans un contexte où de nombreux chefs locaux et présidents de jeunes sont soupçonnés d’être affiliés à des milices rivales.
« Dans le contexte de Djugu, où les entités sont sous le contrôle de la milice Zaïre, tous ceux qui se présentent comme présidents des jeunes ou chefs locaux sont souvent des commandants de la milice Zaïre. Le fait donc pour l’armée ougandaise de prétendre venir combattre la CODECO en se faisant guider par des personnes probablement appartenant à une milice rivale est très dangereux et peut conduire à de nouveaux affrontements interethniques, pourtant évités à Djugu depuis 2017 », a expliqué Luc Malembe, exprimant ainsi ses craintes quant à une escalade de la violence.
Une situation explosive et un bilan provisoire lourd
Les craintes de Luc Malembe semblent malheureusement se matérialiser. Ce mercredi matin, des affrontements violents ont éclaté entre les miliciens de la CODECO et l’armée ougandaise dans la région de Fataki. Selon des sources locales, les combats ont fait plusieurs morts des deux côtés. « Ce mercredi matin, les miliciens de la CODECO sont revenus à la charge en lançant une attaque surprise sur les UPDF. Des informations dignes de foi dans la zone font état d’une vingtaine de corps des soldats ougandais ramenés ce matin vers Nyoka afin d’être rapatriés dans leur pays, ainsi qu’une dizaine de miliciens de la CODECO tués », a indiqué Luc Malembe.
Ces affrontements interviennent dans un contexte déjà tendu, marqué par la présence de plusieurs groupes armés et une méfiance accrue entre les communautés locales. La Route Nationale 27 (RN27), essentielle pour la circulation dans la région, reste bloquée, paralysant les échanges et exacerbant les difficultés des populations civiles.
Un appel urgent à l’intervention du gouvernement congolais
Face à cette situation, Luc Malembe a lancé un appel urgent au gouvernement congolais, l’alertant sur les dangers que représente l’ingérence de l’armée ougandaise dans la province de l’Ituri. « Depuis qu’elle a été autorisée à étendre ses opérations sur l’ensemble de la province à l’issue d’accords cachés, l’armée ougandaise se comporte comme sur une terre conquise, sans le moindre respect de la souveraineté de notre pays », a-t-il déploré. Il a également souligné que les agissements inconsidérés de l’UPDF risquent de plonger la région dans un cycle de violence interethnique, mettant en péril les efforts de pacification entrepris depuis plusieurs années.
Rachidi Kudra, depuis Bunia
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