La région de l’Ituri, déjà marquée par des années de conflits intercommunautaires et d’instabilité, a été une nouvelle fois le théâtre de violences meurtrières dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 février 2025. Le village de Djaiba, situé dans le territoire de Djugu, a été la cible d’une attaque d’une rare violence perpétrée par la milice armée CODECO (Coopérative pour le Développement du Congo). Le bilan provisoire fait état de plus de 50 morts, des dizaines de blessés et des dégâts matériels considérables. Cette attaque, qui intervient en violation flagrante de l’acte d’engagement de paix signé par les groupes armés locaux devant le gouvernement congolais, a provoqué une onde de choc dans la région et suscité une vive réaction des leaders communautaires et politiques.
Dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 février, les habitants de Djaiba ont été réveillés par des tirs nourris et des cris de panique. Les assaillants, identifiés comme des membres de la milice CODECO, ont lancé une attaque coordonnée contre le village, s’en prenant aux civils sans distinction. Les témoignages recueillis sur place décrivent des scènes de chaos et de désolation : des maisons incendiées, des familles entières massacrées et des survivants traumatisés cherchant refuge dans la brousse. Le bilan provisoire de cette première attaque s’élève à plus de 50 morts, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées.
Malheureusement, la violence ne s’est pas arrêtée là. Dans la nuit suivante, du mardi 11 au mercredi 12 février, Djaiba a de nouveau été attaqué, faisant cette fois au moins 4 morts et plusieurs blessés. Ces attaques successives ont plongé la région dans un climat de peur et d’incertitude, rappelant les heures les plus sombres du conflit en Ituri.
Ces violences interviennent dans un contexte où les groupes armés locaux, y compris CODECO, avaient pourtant signé un acte d’engagement de paix sous l’égide du gouvernement congolais. Cet acte, censé mettre fin aux hostilités et ouvrir la voie à une réconciliation durable, semble aujourd’hui lettre morte. Les attaques de Djaiba constituent une violation flagrante de cet engagement et soulèvent des questions sur la volonté réelle des milices à respecter les accords de paix.
Face à cette escalade de violence, plusieurs leaders communautaires et politiques de l’Ituri ont exprimé leur indignation et appelé à une mobilisation générale pour faire face à la menace. Parmi eux, le notable Emmanuel Bahati Kukwabo s’est particulièrement distingué par ses propos fermes et engagés. Dans une déclaration publique, il a condamné avec véhémence les massacres perpétrés à Djaiba, tout en appelant à l’unité face à l’agression rwandaise qui menace la nation.
« Tout en compatissant avec les familles biologiques éplorées, je condamne avec véhémence ce massacre ignoble perpétré à Djugu par les Ituriens sur nos propres frères. Pendant que la nation est menacée par les forces étrangères, ce n’est pas le moment pour les groupes armés locaux de se livrer à des attaques contre leurs propres frères », a déclaré Emmanuel Bahati Kukwabo. Il a également appelé les jeunes de la région à s’engager massivement dans la Réserve Armée pour la Défense (RAD) afin de soutenir les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans leur lutte contre les menaces internes et externes.
« Il est plutôt le moment opportun d’adhérer massivement à la Réserve Armée pour la Défense (RAD) pour soutenir nos FARDC », a-t-il conclu.
Ces attaques surviennent dans un contexte régional particulièrement tendu, marqué par l’agression rwandaise et les tensions persistantes dans l’est de la RDC. Alors que les FARDC et leurs alliés sont engagés dans une lutte acharnée contre les forces étrangères et les groupes rebelles, les violences internes perpétrées par des milices comme CODECO risquent de fragiliser davantage la situation sécuritaire et de détourner l’attention des véritables enjeux nationaux.
Pour rappel, la région de l’Ituri avait connu une période d’accalmie relative avant ces récentes attaques. Les violences de Djaiba marquent un retour en force des milices armées et rappellent que la paix dans cette région reste fragile et précaire. Les autorités congolaises et les acteurs locaux devront redoubler d’efforts pour ramener la stabilité et garantir la sécurité des populations civiles.
Justin Ndassi
0 Commentaires