« NA VIE KOZALAKA MAVANGILA TE ! » – Un message fort et symbolique sur les bus de Kinshasa

Dans les rues animées de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, un message insolite mais profondément significatif a attiré l’attention des passants et des usagers des transports en commun. Sur la carrosserie d’un bus, une inscription en lingala, langue locale largement parlée dans la région, proclame : « NA VIE KOZALAKA MAVANGILA TE ! ». Traduit littéralement, ce message signifie : « Dans la vie, ne pas être un dépendant ». Cette phrase, bien que concise, véhicule une philosophie de vie qui résonne fortement dans le contexte socio-économique actuel du pays.

À première vue, l’inscription semble être un simple conseil ou une exhortation à l’autonomie. Cependant, en creusant plus profondément, elle révèle des nuances culturelles, sociales et économiques propres à la société congolaise. Le terme « mavangila », qui peut être traduit par « dépendant », fait référence à une personne qui vit aux dépens des autres sans contribuer de manière significative à la communauté ou à la société. Dans un pays où les défis économiques sont nombreux et où la débrouillardise est souvent une nécessité, ce message prend une résonance particulière.

Pour de nombreux Kinois, cette phrase est un rappel à l’ordre, une incitation à prendre en main son destin et à ne pas compter uniquement sur les autres pour subvenir à ses besoins. Elle reflète une certaine fierté et une volonté de promouvoir l’autosuffisance, une valeur essentielle dans une société où les ressources peuvent être limitées et où la solidarité est souvent mise à rude épreuve.

Le choix de ce message sur un bus, moyen de transport quotidien pour des milliers de Kinois, n’est pas anodin. Les bus, souvent bondés et symboles de la vie trépidante de la capitale, sont des espaces où se croisent des personnes de tous horizons. En affichant un tel message, le propriétaire du véhicule ou l’artiste qui l’a conçu a sans doute voulu toucher un large public, en diffusant une pensée qui va au-delà du simple slogan.

Dans un contexte où le chômage et la précarité sont des réalités pour de nombreux Congolais, le message « NA VIE KOZALAKA MAVANGILA TE » peut être interprété comme un appel à l’action. Il encourage les individus à se prendre en charge, à chercher des solutions par eux-mêmes et à ne pas tomber dans la facilité de la dépendance. Cette philosophie rejoint d’ailleurs les valeurs de nombreuses communautés africaines, où l’autonomie et la responsabilité individuelle sont souvent valorisées.

Au-delà de son aspect socio-économique, ce message possède également une dimension culturelle et éducative. En lingala, la langue utilisée est directe et percutante, ce qui renforce l’impact du message. Le choix du lingala, plutôt que du français (langue officielle du pays), montre une volonté de s’adresser directement à la population locale, dans une langue qu’elle comprend et qui fait partie de son identité.

Par ailleurs, ce slogan peut être vu comme une forme d’éducation populaire. Dans un pays où l’accès à l’éducation formelle peut être limité pour certains, les messages publics, qu’ils soient affichés sur des bus, des panneaux ou des murs, jouent un rôle important dans la transmission de valeurs et de conseils pratiques. « NA VIE KOZALAKA MAVANGILA TE » est donc non seulement un rappel à l’autonomie, mais aussi une leçon de vie qui s’adresse à tous, indépendamment de l’âge, du genre ou du statut social.

La jeunesse congolaise, souvent confrontée à des défis tels que le manque d’opportunités professionnelles et l’accès limité à l’éducation, pourrait trouver dans ce message une source d’inspiration. En encourageant les jeunes à ne pas être des « mavangila », le slogan les incite à être proactifs, à créer leurs propres opportunités et à ne pas se contenter de ce que la vie leur offre. Dans un monde en pleine mutation, où l’innovation et l’entrepreneuriat sont de plus en plus valorisés, ce message prend tout son sens.

De plus, dans un contexte où la migration et la recherche de meilleures conditions de vie poussent de nombreux jeunes à quitter le pays, ce rappel à l’autonomie et à la responsabilité pourrait également être interprété comme un appel à contribuer au développement du pays, plutôt que de chercher des solutions individuelles à l’étranger.

Bien que ce message soit ancré dans le contexte spécifique de Kinshasa et de la République démocratique du Congo, il possède une portée universelle. La notion de ne pas être un parasite ou un dépendant est une valeur qui transcende les frontières et les cultures. Dans un monde de plus en plus interconnecté, où les défis économiques et sociaux sont souvent similaires d’un pays à l’autre, ce message pourrait résonner bien au-delà des rues de Kinshasa.

M. Félix

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