Les victimes de la guerre au Kasaï dans les oubliettes : Fonarev, un espoir en demi-teinte

Dans la province du Kasaï, des séquelles persistantes des conflits armés continuent d'affecter profondément des milliers de vies innocentes. Les victimes des guerres qui ont dévasté cette région, notamment les atrocités liées au phénomène Kamuina Nsapu, se sentent totalement oubliées dans le processus de réparation.

L’adoption du Fonds national des réparations des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité – plus communément appelé Fonarev – soulève des espoirs, mais également des frustrations. Alors que dans d’autres provinces du pays ce fonds semble opérationnel, au Kasaï, beaucoup se sentent abandonnés.


Depuis plusieurs décennies, la République démocratique du Congo est le théâtre de conflits armés, engendrant de graves violations des droits humains. Les conflits au Kasaï, exacerbés par la montée des tensions entre groupes tribaux et militaires, ont laissé donc derrière eux un lourd bilan de souffrances humaines. Les victimes, souvent des femmes et des enfants, se heurtent à des barrières considérables pour obtenir justice et réparation. La violence sexuelle, en particulier, est une réalité tragique qui frappe de manière disproportionnée ces populations vulnérables.

Le Fonarev : Un espoir en demi-teinte

Le 26 décembre 2022, grâce à un plaidoyer acharné mené par la Distinguée Première Dame Denise Nyakeru Tshisekedi, le gouvernement congolais a adopté une loi créant le Fonarev. Ce fonds est censé offrir une avenue pour la réparation des victimes, mais son impact concret sur le terrain demeure limité, notamment dans la province du Kasaï. L’absence d’initiatives effectives devient de plus en plus frustrante pour les victimes qui croyaient en un changement positif.

Une équipe du Fonarev s’est rendue à Tshikapa, capitale de la province du Kasaï, afin d’identifier et d’étudier les cas de victimes. Cependant, plusieurs mois plus tard, cette démarche n'a pas abouti à des actions concrètes. Les victimes se sentent trahies et abandonnées par un système censé les soutenir. "Nous avions suivi que la première dame Denise Nyakero et son mari, le président congolais Fatshi, ont créé une institution de l’État pour réparer toutes les victimes de guerre. Dans d'autres provinces, nous avons entendu parler de la mise en œuvre de ce projet. Mais nous, au Kasaï, c'est comme si nous vivions dans la deuxième République. Nous nous demandons où ça bloque depuis que l'équipe qui était venue nous identifier est repartie !" s’exclame l’une des nombreuses victimes interrogées par notre rédaction. 

Le silence des autorités : Un blocage inacceptable

Le silence prolongé des autorités face à cette situation grave soulève des questions alarmantes. Les victimes dénoncent une inaction qui semble indiquer un mépris pour leurs souffrances. "Nous ne savons pas pourquoi nous sommes laissés pour compte alors que d'autres provinces bénéficient de ce programme. C'est pathétique", déclare une autre victime, visiblement ébranlée par l'attente interminable.

Ce sentiment d’abandon est amplifié par l’incertitude qui entoure le processus. L’absence de communication sur les étapes à venir et un manque de transparence dans la gestion du Fonarev contribuent à accroître le désespoir parmi ceux qui espéraient une réponse significative à leurs souffrances.

Face à cette situation désespérante, il est impératif que les autorités congolaises prennent des mesures immédiates et significatives pour répondre aux besoins des victimes au Kasaï. Le Fonarev, en tant qu’institution publique placée sous la tutelle du Ministère des Droits Humains, doit impérativement agir pour identifier les victimes et leur garantir l’accès à une réparation adéquate.

Des propositions de plaidoyer doivent être mises en place, non seulement pour éviter l'oubli de ces victimes de guerre, mais également pour promouvoir des initiatives de sensibilisation afin que les histoires de ces victimes soient entendues. Cela inclut l'engagement d'organisations non gouvernementales, d’instances internationales ainsi que d'autres acteurs clés de la société civile pour faire pression sur le gouvernement et assurer que les victimes obtiennent la justice qu’elles méritent.

Sadam Kapanda wa Kapanda depuis Tshikapa

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